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🌳 Lettre du ChĂȘne Ă  l’humanitĂ©

RĂ©cit d’un promeneur assis Ă  l’ombre d’un vieil arbre

Cela faisait des semaines que je venais m’asseoir lĂ , au pied de ce chĂȘne. Toujours le mĂȘme. Toujours ce tronc large comme une Ă©treinte oubliĂ©e, cette Ă©corce rĂȘche, sillonnĂ©e comme les paumes d’un vieil ami. Je venais sans raison prĂ©cise. Peut-ĂȘtre par fatigue du monde, ou par besoin d’un silence qui ne juge pas.

Un matin d’étĂ©, plus chaud que les prĂ©cĂ©dents, je m’adossai contre lui avec un soupir. Mon dos contre son dos. Mon souffle un peu court. Mon cƓur un peu flou. Et puis
 je l’ai entendu.

Pas un bruit, non. Pas une voix. Mais une pensée, claire comme une source. Elle ne venait pas de moi. Elle venait en moi.

« Tu t’assieds souvent ici. Mais as-tu seulement remarquĂ© combien je veille sur toi ? »

J’ai souri intĂ©rieurement. Sans surprise. Comme si je savais qu’un jour, cela arriverait. J’ai fermĂ© les yeux, et j’ai laissĂ© la pensĂ©e s’épanouir.

« Je suis lĂ  depuis bien avant tes pas. J’ai vu passer les saisons et les visages. Les guerres et les amours. Les promesses, et les oublis. Je suis le veilleur des cycles, enracinĂ© dans la mĂ©moire du monde. »

Un frisson m’a traversĂ©e. Pas de peur. De reconnaissance, peut-ĂȘtre.

« Vous autres humains, vous cherchez Ă  grimper toujours plus haut. Mais sans racines, la cime n’est qu’une chute annoncĂ©e. Moi, je plonge dans la terre pour parler au ciel. Je relie. Je retiens. Je nourris. »

« Sous mes branches, dort le peuple discret : les insectes, les oiseaux, les champignons, les Ă©cureuils. Je les abrite. Je ne prends rien. Je donne. MĂȘme quand on me coupe, je repousse. C’est ma façon d’aimer. »

« Parfois, je me souviens de ceux qui m’ont aimĂ© en silence. Il y a bien longtemps, un homme est venu s’abriter dans le creux de mon tronc. Il s’appelait Bernard. C’était un moine, ou peut-ĂȘtre un fou, selon les langues des Ă©poques. Il vivait lĂ , dans le silence de mon ventre, priant entre les chants d’oiseaux et les souffles de vent. Je l’ai abritĂ© comme un enfant fragile. Et lui, en retour, m’offrait ses silences pleins de lumiĂšre. »

J’ai entrouvert les yeux. Les feuilles dansaient doucement, tamisant la lumiùre comme un vitrail vivant. Le vent portait quelque chose d’ancien.

« Je suis le seuil. Le pilier. Le druide silencieux. Jadis, les humains le savaient. Ils venaient me consulter, non pour obtenir des réponses immédiates, mais pour apprendre à attendre les vraies questions. »

Un bourdon est passĂ© prĂšs de mon oreille. Je ne l’ai pas chassĂ©. J’étais ailleurs, avec lui.

« Tu viens ici fatiguĂ©e, usĂ©e parfois, brĂ»lĂ©e par les attentes. Mon Ă©corce soigne les corps Ă©puisĂ©s. Mon bourgeon ranime ceux qui ont trop portĂ©, trop longtemps, sans s’écouter. Mon essence soutient ceux qui ne savent pas poser le fardeau. »

Un silence a suivi. Long et paisible. Puis encore une pensée, plus douce :

« Toi qui me lis, toi qui entres sous mon ombre, rappelle-toi :Ne cours pas sans racine.N’élĂšve rien sans lien.Ne rĂȘve pas seul.Et quand tu oublieras, reviens. Je serai lĂ . »

Je suis restĂ©e longtemps assise. Le monde n’avait pas changĂ©, non. Mais en moi, quelque chose avait germĂ©. Et je suis repartie, un peu plus enracinĂ©e, un peu plus debout.

🌿 Écoute...

On dit que les arbres ne parlent qu’à ceux qui savent se taire.Qu’ils murmurent Ă  qui pose son front contre leur Ă©corce,qu’ils enseignent Ă  qui accepte de ralentir.

Si un jour, en forĂȘt, vous ressentez un calme Ă©trange, une prĂ©sence familiĂšre, une impression d’ĂȘtre vu sans ĂȘtre jugé  peut-ĂȘtre que ce sera lui.Peut-ĂȘtre qu’un chĂȘne vous parlera.

Prenez le temps d’écouter.Et s’il ne dit rien, alors
 reposez-vous. Il veille.

 
 
 

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