📮 Carnet de vol d’un oiseau nomade
- Christine Chevron
- 20 avr.
- 2 min de lecture

Je m'appelle Merops apiaster, mais mes amis me surnomment le guêpier d’Europe. Depuis tout petit, j’ai une vieille carte postale précieusement conservée dans mon nid.
Elle est jaunie par le temps, griffonnée d’une écriture élégante, et signée d’un ancêtre lointain. Dessus, une vue enchanteresse : de grandes falaises dorées surplombant une rivière miroitante, et une nuée d’oiseaux virevoltant sous le ciel bleu.
"À mon descendant voyageur,Si un jour ton cœur t’appelle au-delà du désert, suis les vents du printemps.Tu trouveras ici un coin de paradis où chanter et danser,Un endroit où le ciel embrasse la terre,Où la lumière dore la pierre et où les insectes abondent.Peut-être, à ton tour, y laisseras-tu une empreinte avant de repartir…"
Cette carte m’a toujours intrigué. Où se trouvait ce lieu magique ? Et surtout, était-il fait pour moi ?
Alors, le jour où l’appel du grand voyage s’est fait sentir, j’ai su que mon envol aurait un but. Avec mes compagnons, nous avons quitté l’Afrique, formant un long ruban coloré dans le ciel. Nous marchions sur les traces de ceux qui nous avaient précédés, liés par un instinct ancestral.
La route fut semée d’embûches : vents contraires, rapaces affamés, déserts brûlants… Mais l’espoir brillait dans nos ailes, et chaque battement nous rapprochait de notre destination.
Lorsque j’ai enfin aperçu les falaises de Castelnau-de-Lévis et les méandres du Tarn, mon cœur a bondi. L’image était là, sous mes yeux, comme un souvenir qui devenait réalité. J’étais arrivé.
Là, entre ciel et terre, notre colonie a retrouvé son territoire d’été. Nous avons creusé nos nids dans la roche, chassé guêpes et abeilles en plein vol, et veillé sur nos œufs bercés par le souffle du vent.
Mais toute belle saison a une fin. À l’approche de septembre, lorsque les jours raccourcissent et que l’air se fait plus frais, une voix intérieure m’appelle de nouveau vers le Sud. Comme mes ancêtres avant moi, je dois reprendre la route.
Avant de partir, je glisse une nouvelle carte postale entre les racines d’un vieil arbre, à l’attention d’un autre oiseau rêveur :
"À toi, voyageur aux ailes impatientes,Si un jour ton cœur t’appelle à voir le monde,Suis le vent et laisse-toi guider.Tu comprendras alors que nous sommes tous,Un jour ou l’autre, en quête d’un ailleurs où mieux vivre, aimer et grandir…"
🌍 Le guêpier d’Europe, messager des cycles et de la mémoire du voyage.
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